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Choisir son statut de Freelance, c’est la première étape de la grande aventure du « on m’a jamais appris tous ces trucs là, à moi ». Tout le monde se pose des questions, on trouve des ressources partout (parfois trop en mode « comptable »), mais on reste tout aussi perdu. Aujourd’hui, je me colle à ce sujet, aidé de mon expert-comptable Loïc Vega, pour essayer de te délivrer une vision opérationnelle de la chose. Et aussi parce que j’ai exploré tous ces statuts.

☝🏻 Important :
L’intégralité du contenu de cet article a été revu par un expert-comptable professionnel. Les chiffres sont donc vérifiés et blindés. Quand aux avis sur les différents statuts présentés, ils n’engagent que moi.

L’Auto-entreprise

Bon, quand j’ai commencé, il n’y avait pas encore le statut d’Auto-entreprise (AE). On avait le choix entre la Maison des Artistes (quand on est graphiste) ou bien le statut de l’Entreprise Individuelle. J’étais parti sur le premier, un statut en micro-BNC comme l’AE.

Depuis l’AE a fait bien du chemin, et reste un statut simple à comprendre. Et simple pour démarrer. Voyons ce qu’on a, et ce qu’on a pas avec l’AE :

  • Pas de capital nécessaire, pas de frais pour démarrer ;
  • Seuil de CA de 77.700 € HT (prestation de service) ;
  • 26,10% de cotisation (au 1er janvier 2026) sur ton chiffre d’affaires, pas sur ton résultat (lorsque tu sous-traites) ;
  • Pas besoin d’un compte professionnel ;
  • Pas besoin de comptable (un registre de tenue des comptes simplifié suffit) ;
  • Pas de TVA à facturer/reverser si tu restes sous le seuil de CA (37 500 € dans les cas les plus simples) ;
  • Pas de TVA à récupérer sur tes frais si tu restes sous le seuil de CA (idem) ;
  • Accès à l’ACRE ;
  • Pas de chômage ;
  • Pas de possibilité de faire des frais kilométriques ;
  • Chaque frais réel que tu auras payé pour ton AE aura finalement été pioché dans ton épargne personnel ;
  • Cumul possible avec un emploi salarié ;
  • Cumul non possible si tu as déjà une EURL ou SARL ;
  • Cumulable avec le chômage issu d’une autre activité salariée (sous certaines conditions).

Mon avis sur l’auto-entreprise

  • Intéressant pour commencer, mais pas un statut pour durer toute une carrière selon moi.
  • Avec un niveau de cotisation aussi bas, n’espère pas la retraite Rolex : épargne, et mets de côté toi-même.

L’EURL

Lorsque tu es en EURL, tu es considéré•e comme un•e TNS : Travailleur Non Salarié. En gros, tu es un•e indépendant•e au service de ta boîte. Inscrit à l’URSSAF en tant qu’indépendant•e, avec un rôle de gérance dans ton EURL.

Plus de 10 ans de pratique du statut EURL/SARL me permettent de te le résumer ainsi :

  • À partir de 1€ de capital (mets au moins 1000€ pour être sérieux•se), avec des frais d’établissement pour se lancer ;
  • Pas de limite de CA
  • 45% de cotisation URSSAF sur ce que tu te verses comme salaire (et pas sur le CA) ;
    ces cotisations peuvent être payées par toi (en perso) ou par l’EURL (le plus courant et le plus avantageux).
    Un salaire net de 1000€ coûte donc 1450€ (il faudra ensuite retirer les impôts sur le revenu sur ces 1000 €)
  • Besoin d’un compte professionnel ;
  • Besoin d’un comptable ;
  • Le résultat de l’EURL est soumis à l’impôt sur les sociétés ;
  • Tu factures et tu reverses la TVA ; tu récupères également la TVA de tes achats ; Ce point est surtout intéressant si tu travailles en B2B.
  • Accès à l’ACRE ;
  • Possibilité de se rémunérer en dividendes (besoin d’un bilan au moins), soumis à la flat tax de 30% sur 10% de ton capital social ; et ensuite à 45% (cotisations URSSAF) sur le delta (ce n’est pas forcément conseillé en cas de faible capital social) ;
  • Possibilité d’ouvrir des plans Madelin, pour la complémentaire santé, prévoyance et retraite, qui seront majoritairement déductibles de ta société ;
  • Possibilité de faire des frais kilométriques (en complément de revenu non soumis à impôt) OU d’avoir un véhicule de fonction (mais pas les deux) ;
  • Cumul possible avec un emploi salarié ;
  • Cumul possible si tu as déjà une EURL, SARL, SASU ou SAS ;
  • Pas de cumul avec une activité en auto-entreprise ;
  • Cumul avec le chômage (pour un démarrage) : tu y perds.
  • Pas de chômage ;

Mon avis sur l’EURL

  • Pense au statut EURL si tu fais au moins 60-70.000€ HT de CA par an.
  • Également si tu as des dépenses (achats, logiciels, abonnements, loyer sous-traitance), pour lesquelles tu peux récupérer de beaux montants de TVA.
  • Anticipes les coûts fixes (comptable, banque, etc) pour calculer le vrai coût annuel de fonctionnement de ta structure.
  • Flexible pour répartir ses revenus et optimiser sa fiscalité (rémunération, frais kilométriques, plans Madelin).

La SASU

En SASU, tu sera considéré•e comme un•e « assimilé salarié », avec des fiches de paie et tout. Après je t’arrête tout de suite : tu n’es pas salarié•e. Pas de chômage, et les banques connaissent la différence entre un•e salarié•e et un•e assimilé. Tu resteras considéré•e comme un•e indépendant•e.

Ma petite expérience en SASU m’a appris ceci :

  • À partir de 1€ de capital (mets au moins 1000€ pour être sérieux•se), avec des frais d’établissement pour se lancer ;
  • Pas de limite de CA ;
  • Cotisations : 54 % de charges patronales, et 28 % de charges salariales (tout ça sur un montant brut, ça pique) ;
    Un salaire net de 1000€ coûte donc 1820€ (il faudra ensuite retirer les impôts sur le revenu sur ces 1000 €)
  • Besoin d’un compte professionnel ;
  • Besoin d’un comptable ;
  • Le résultat de la SASU est soumis à l’impôt sur les sociétés (option possible à l’impôt sur les revenus pendant 5 ans) ;
  • Tu factures et tu reverses la TVA ; tu récupères également la TVA de tes achats ;
  • Accès à l’ACRE ;
  • Pas de chômage, malgré le statut « assimilé salarié » ;
  • Possibilité de se rémunérer en dividendes (besoin d’un bilan au moins), soumis à la flat tax de 30% en totalité ;
  • Pas d’accès aux plans Madelin ;
  • Possibilité de faire des frais kilométriques (en complément de revenu non soumis à impôt) OU d’avoir un véhicule de fonction (mais pas les deux) ;
  • Cumul possible avec un emploi salarié ;
  • Cumul possible si tu as déjà une EURL, SARL, SASU ou SAS ;
  • Cumul possible avec une activité en auto-entreprise ;
  • Cumulable avec le chômage, en se payant en dividendes (mollo mollo sur le montant si tu ne te rémunères pas en revanche).

Mon avis sur la SASU

  • Tu cotises autant qu’un•e salarié, sans les avantages (ciao le chômage).
  • Ce statut est souvent le choix privilégié des indépendant•es qui se lancent suite à un licenciement économique, avec du CA déjà assuré. Ils•elles conservent leur chômage intégral pendant 2 ans et peuvent cumuler du cash dans la société en attendant (et éventuellement se payer en dividendes), puis font le point ensuite avec l’expert-comptable pour transformer en EURL.
  • En dehors de ce cadre, je trouve ce statut bien trop cher (par exemple : en 6 mois de SASU environ, j’ai payé 9000 € de cotisations de plus qu’en EURL, pour une différence « d’avantages » nulle ; vraiment pas le bon bail).
  • Ce statut est également souvent choisi pour sa flexibilité, notamment pour faire entrer ou sortir des associé•es (pour des boîtes au profil Start-up par exemple).

Quel statut choisir, et quand ?

Tu as déjà des clients (avec moins de 60 k€ HT de CA annuel)

L’auto-entreprise sera très bien.

Tu as déjà des clients (avec plus de 70 k€ HT de CA annuel)

Dans ce cas, l’EURL ou la SASU deviennent des options très intéressantes, parce que ton volume d’affaires te permet de commencer à optimiser les choses (TVA, frais, rémunération). si tu ne bénéficies pas du chômage (suite à un licenciement économique par exemple), go sur l’EURL.

Tu n’as pas encore de clients

Choisis l’auto-entreprise. Sauf si tu as déjà une EURL ou une SARL (dans ce cas, ce ne sera pas cumulable).
Cependant, garde en tête que le statut d’AE n’est pas un statut pour toute une carrière : c’est très bien pour se lancer ou pour un side business. Mais si tu prévois de grandir, entoure-toi et planifie le passage à l’EURL, la SARL, la SASU ou la SAS.

Tu bénéficies du chômage suite à un licenciement économique ?

Dans ce cas, tu veux conserver ton chômage pour la période maximale. Choisis le statut SASU, mais assure-toi tout de même d’avoir du CA assuré. Une SASU qui ne fait pas de chiffre va te coûter trop cher. Une fois la période de chômage terminée, tu pourra repasser en EURL pour optimiser les coûts de gestion de l’entreprise (fais-toi conseiller par ton expert-comptable).

Tu prévois d’avoir beaucoup de frais ?

Sous-traitance, loyer, abonnements… si ton activité a besoin de dépenser pour faire du chiffre, l’auto-entreprise n’est pas pour toi. Opte directement pour l’EURL ou la SASU.

Besoin d’aide ?

Tu ne t’en sors pas sur la question des statuts ou tu as d’autres questions ?

Passe moi un coup de fil, c’est souvent bien plus simple qu’on ne le croit.

Quoi retenir ?

  • L’auto-entreprise est bien pour commencer, mais elle n’est pas la réponse à tout.
  • Le choix de ton statut doit servir ton projet professionnel.
  • Connaître les grandes lignes des différents statuts est un plus ; sinon, trouve quelqu’un pour te conseiller.
  • Avec certains clients, le statut de ton entreprise est une forme d’image importante : un capital social de 1€ c’est possible, mais ça donne une image que tu ne veux pas avoir.